La vision racine des fondateurs comme élan vital de l’entreprise
Fontaine je boirai de ton eau
Travailler sur la raison d’être n’est pas un exercice de créativité. Il ne s’agit pas d’imaginer une raison d’être « from scrach » . Clarifier la raison d’être d’une entreprise est un exercice de connexion à la source du projet, là où ça vibre.
Cette source est alimentée par le leader fondateur (1). Dans sa théorie organisationnelle (2), Eric Berne nomme ce leader le « leader primal » quand le fondateur est toujours en activité ou « leader évhémère » quand le leader a disparu mais que son projet continue de circuler dans l’entreprise.
En France, Antoine Riboud est un de ces leaders fondateurs qui continuent d’être une source pour leur entreprise. En 2017, Danone a explicitement reconnecté à cette source avec son moto « One Planet One Health » directement inspiré du discours emblématique de Marseille (3) prononcé en 1972 par ce dirigeant emblématique et qu’il a démarré avec ces mots : "Il n'y a qu'une seule terre. On ne vit qu'une seule fois.”
Hommage stratégique versus hommage commémoratif
D’autres entreprises historiques honorent la mémoire de leur fondateur mais peu nourrissent et prolongent sa vision. C’est la différence entre un hommage commémoratif et un hommage stratégique. Dans l’hommage stratégique, la source continue de circuler et d’inspirer l’action.
Ainsi Danone et la vision de l’entreprise politique et l’approche managériale, Leclerc et la lutte pour le pouvoir d’achat et le modèle coopératif, Michelin et la pédagogie managériale et l’exigence industrielle, Décathlon et la culture du “test and learn” et la responsabilisation, Hermès et l’excellence artisanale et un modèle actionnarial basé sur l’indépendance,...
Maintenir vivant et agissant cet héritage visionnaire, exercice délicat.
A New Brunswick au siège de l'entreprise Johnson & Johnson, le crédo (4) écrit en 1943 par Robert Wood Johnson, fils et successeur d’un des cofondateurs et pionnier de l’entreprise responsable, est gravé dans le marbre. Il est revu ponctuellement pour tenir compte des défis nouveaux et de l’évolution de la société mais il garde sa dynamique socle.
Le modèle social de l’entreprise Godin (5) datant de 1880 s’est construit sur l’impératif viscéral pour son fondateur Jean-Baptiste André Godin, du partage du pouvoir (l’entreprise Godin est une coopérative "L'Association coopérative du capital et du travail”) et de la valeur (le concept des “équivalents de la richesse”). Une visite à l’emblématique Familistère de Guise, “Palais social” fondé par ledit Godin, permet de saisir toute la force de cette vision. Ce modèle s’est pérennisé pendant près de 80 ans, bien après la mort du père fondateur. Il a finalement été remis en question dans les années 60. Il serait intéressant de creuser si c’est l’extinction progressive du modèle qui a précipité la fin de l’activité et la fermeture des usines Godin en 1968 ou si cette fin économique était inéluctable compte tenu des changements profonds induits par la mondialisation.
Fondateur ou Refondateur car parfois c’est le repreneur issu ou non de la famille du fondateur qui imprègne durablement l’entreprise de sa vision.
La théorie organisationnelle de Berne https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/coacher-groupes-et-organisations-theorie-organisationnelle-d-eric-0
Discours de Marseille Antoine Riboud ▶️une video Ina lnkd.in/eHA_3B2j ▶️ le texte du discours https://lnkd.in/eEyd87FE
Crédo Johnson&Johnson https://www.jnj.com/our-heritage/8-fun-facts-about-the-johnson-johnson-credo
Godin et le Familistère de Guise https://www.familistere.com/fr/decouvrir/cent-ans-d-experimentation-sociale
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